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Situation et devenir des agricultures familiales en Amérique Latine

Note d’analyse

Cette note a été préparée à la demande et avec l’appui du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD) pour le séminaire organisé par la commission Agriculture et Alimentation de Coordination Sud sur l’intérêt actuel des agricultures familiales (Paris, 11 décembre 2007).

M.Merlet
Equateur. 2007. Paysage agraire périurbain dans une ancienne zone de réforme agraire

Jusqu’à présent, les pays les plus avancés s’étaient tous développés sur la base d’une agriculture familiale à petite échelle. Le vigoureux développement agricole de l’Amérique latine semble aujourd’hui au contraire valider une voie de développement basée sur la grande entreprise à salariés, appelée souvent agronegocio ou agrobusiness.

Dans ces conditions, les agricultures familiales du continent ont-elles un avenir ?

Les auteurs présentent les traits caractéristiques du développement agricole latinoaméricain, et proposent un cadre global de réflexion pour l’action.

Ils soulignent dans un premier temps les spécificités de l’histoire agraire du continent, le poids de la colonisation et le rôle joué par l’expansion au cours des siècles des surfaces cultivées sur les forêts.

Ils insistent sur le rôle essentiel qu’ont joué dans les processus de développement les agricultures familiales; mais aussi sur le fait que celui-ci n’a en général pas été compris. Les secteurs paysans n’ont presque jamais été reconnus et leurs revendications n’ont pas été prises en compte.

Deux exemples de tentatives de mise en place de politiques d’appui à l’agriculture familiale sont étudiés: celui de la Bolivie et celui du Nicaragua.

Convaincus que les agricultures familiales constituent aujourd’hui encore la meilleure option, tant du point de vue économique et social que du point de vue écologique, les auteurs concluent que ce n’est pas en approfondissant le libre échange et en limitant le rôle des Etats que l’on pourra créer les conditions pour que celles-ci puissent exprimer toutes leurs potentialités. Des politiques publiques adaptées doivent être mises en place, non pas par altruisme, mais pour répondre à l’intérêt des populations dans leur ensemble (et pas seulement des paysans!).

En premier lieu, il conviendrait de ne plus appuyer ni subventionner la grande production, qui continue à bénéficier dans beaucoup de pays de distorsions de concurrence en sa faveur. Les formes d’organisation et de représentation des agricultures familiales doivent être renforcées, afin de peser suffisamment pour que de nouvelles politiques publiques soient établies.

L’expansion de l’espace agricole et pastoral est en train d’atteindre ses limites. Mais l’agriculture paysanne permettrait d’intensifier la production agricole et l’élevage, en mettant en culture une partie des pâturages extensifs et en intensifiant des cultures industrielles qui, sous l’apparence de haute technicité, produisent le plus souvent très peu de valeur ajoutée par hectare. L’agroécologie a un rôle central à jouer dans ces évolutions.

Cela demandera une révision des conceptions classiques de réforme agraire, qui ne pourra se faire que si des alliances fortes se nouent avec les secteurs urbains et industriels.

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